L'autre jour, prenant mon courage à deux mains
L'autre jour, prenant mon courage à deux mains pour sortir de mon sombre appartement parisien, je décide d'aller visiter le musée du Moyen Age de Cluny, que l'on dit très intéressant et bien fourni.
Me voilà donc en route, et il faut le dire, si jamais vous n'aimez pas la foule, mais que vous voulez visiter Paris, allez-y en Août. Pas un pécore dans les rues, sauf près des monuments hyper-archi célèbres (là où se réunissent les Nikonoides japonica, espèce asiatique envahissante l'été).
Me voilà donc dans le musée, à lire, à regarder attentivement les tentures, objets, armes, et caetera. Mais je prend peu à peu conscience de quelque chose : C'est que là où je met un quart d'heure à visiter une salle, le reste du public, lui met presque moins de cinq minutes (et encore !). Certes, je regarde vraiment tout. Certes, je m'extasie sur certaines oeuvres vraiment belles (ou stupéfiantes, comme ce portrait de Cernunnos, figurant avant la réfection de Notre Dame de Paris, sur une colonne !) ou je décripte certaines tentures.
Mais le malaise est quand même là : Pourquoi donc visiter un musée, une exposition et quelque ce soit d'autre, pour ne même pas en voir la totalité, ou même ne rien voir ?!
Et c'est le temps, la réponse. Nous manquons de temps ! Alors on passe et on ne s'arrête plus on coure pour voir ce musée dire que l'on a vue toute ces choses sublimesalorsqu'enfait... On a fait le tour des salles, en jetant un coup d'oeil par-ci par là pour aller le plus vite possible au prochain musée, dans un appétit de vorace de consommation...
Mais il y a aussi, l'apparence. C'est sûr, quand on a un peu d'argent, ce n'est pas reluisant de dire que l'on a passé le week-end devant Téléfoot ou Secret Story. Ça fait beauf, comme on dit. Alors on va au musée, mais on passe en coup de vent, parce que c'est chiant toutes ces merdes, ces caillasses et ces vieux objets rouillés.
"Hein mémère qu'ils étaient archaïques ?!" S'exclame Gilles, cadre sup' scotché à son Iphone, et qui passe sans voir ces boules de rosaires creuses en buis, sculptées à la mode gothique par une main si habile qu'on n'y décèle même pas trace de coup de ciseau.
Que dire ?
Sinon qu'à force de vouloir tout voir, on ne voit plus rien ? C'est comme essayer de détailler une mante religieuse alors qu'on est lancé à fond sur l'autoroute. Ça c'est sûr, tu l'auras "fait" ce musée, mais l'auras-tu "vu" ?
Je ne peux me consoler qu'en me disant qu'après tout, ça fait de l'argent pour les musées qui pourront faire venir d'autres pièces pour combler la curiosité des amateurs, ouvrir plus souvent et faire des conférences...